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Bilboquet (ajagaq)

Le bilboquet (ajagaq) est fait de la première vertèbre dorsale d’un caribou et d’un bâton en andouiller de caribou. Les deux pièces sont reliées par une corde tressée en tendons de caribou. Pour y attacher la corde, on a perforé la vertèbre à son point d’équilibre, ce qui assure une stabilité entre chaque lancer.

Cette pratique ludique impliquait deux joueurs ou plus qui s’affrontaient en effectuant des lancers, le but étant d’insérer le bâton dans la plus large ouverture de l’os par un mouvement de balancier de la vertèbre. Des niveaux de difficulté supplémentaires pouvaient être ajoutés. Par exemple, les joueurs devaient viser les trous plus petits ou utiliser la main avec laquelle ils étaient le moins habiles. Le détenteur de l’ajagaq le conservait tant qu’il réussissait ses lancers, lui permettant de progresser dans l’énonciation d’un récit précis (voir plus bas). Après trois lancers ratés, le joueur devait passer le bilboquet à l’un de ses adversaires, tous rassemblés en cercle. Les joueurs pouvaient être de tout âge et genre.

Selon un témoignage, l’histoire, qui pouvait être abrégée et modifiée, se déroule à peu près ainsi :

  • Avaaqpagit : Je t’assomme en te frappant la tête
  • Tisurauttiqpagit : Je te mets sur un traîneau
  • Tisuvutit : Tu glisses vers le bas (de la colline)
  • Qungnikkuuqputit : Tu te diriges vers les eaux libres
  • Imaaqputit : Tu tombes à l’eau
  • Kivivutit : Tu coules dans la mer
  • Kinguktauvutit : Les crevettes/gammares t’atteignent et te mangent
  • Sauniinnaruqputit : Tu deviens un squelette

De nos jours, ce jeu d’adresse est encore pratiqué, bien qu’il soit moins populaire. La première vertèbre cervicale d’un caribou ou un crâne de lièvre peut être utilisé, le bâton est généralement en bois et la corde est remplacée par une simple corde synthétique qui s’achète en magasin.

Galerie photos

Vertèbre de caribou montrant plusieurs orifices, reliée à un bâton fin par une corde tressée. La vertèbre repose sur le côté avec le bâton posé à proximité.

Bilboquet (ajagaq)

Capsule vidéo

Écoutez Leah Panimerak et Rhoda Inuksuk parler de ce jeu

Rhoda Inuksuk: Il s'agit d'un ajagaq [en inuktitut]. Il est utilisé par des personnes venant de partout.

Ça [Rhoda montre un os avec plusieurs trous da la taille d'une main], ça provient du cou du caribou.

Celui qui se trouve à l'extrémité est l'ajagaq. Un jeu... Les Inuit

jouaient avec ce jeu et il y a une histoire qui va avec.

Dès le début, il y a eu des termes pour l'accompagner.

Si quelqu'un était doué pour ce jeu et qu'il le terminait complètement, il le recommençait

différemment. Le faire passer par ici et par là [Rhoda fait semblant de jouer au bilboquet dans diverses directions], en suivant les

mots qui l'accompagnent. Les Inuit sont très doués pour cela

C'est amusant de voir les gens jouer.

Cela a été utilisé il y a longtemps et est parvenu jusqu'à nous

et nous le connaissons. Certaines personnes sont très douées pour cela

mais je peux seulement dire qu'il s'agit d'un ajagaq.

Et qu'il s'agit d'un jeu pour les plus habiles.

Ce n’est pas seulement ce que l’on croit, on peut découvrir

d’autres manières de jouer avec, si jamais on voit un vrai ajagaq.

Capsule audio

Écoutez Leah Panimerak et Rhoda Inuksuk parler de ce jeu

Leah Panimerak: Je connais ce jeu. Tout d'abord, tu commences ici [Leah prend le bilboquet et se prépare a jouer].

Si cela fait ça [Leah fait semblant de réussir son coup], "Je t’ai frappé la tête". Si la deuxième fois, on y arrive aussi,

"Je t'ai donné un traineau". A la troisième, "tu glisses".

A la quatrième, "tu passes en eau libre". A la cinquième, "tu tombes à l'eau".

Pour la sixième, "tu te noies". A la septième, "les crevettes t’attrapent".

Enfin, "tu es devenu un squelette".

"Je t’ai frappé la tête", "je t’ai donné un traineau", "tu glisses", "tu passes en eau libre",

"tu tombes à l'eau", "les crevettes t'attrapent", "tu es devenu un squelette".