Bilboquet (ajagaq)
Le bilboquet (ajagaq) est fait de la première vertèbre dorsale d’un caribou et d’un bâton en andouiller de caribou. Les deux pièces sont reliées par une corde tressée en tendons de caribou. Pour y attacher la corde, on a perforé la vertèbre à son point d’équilibre, ce qui assure une stabilité entre chaque lancer.
Cette pratique ludique impliquait deux joueurs ou plus qui s’affrontaient en effectuant des lancers, le but étant d’insérer le bâton dans la plus large ouverture de l’os par un mouvement de balancier de la vertèbre. Des niveaux de difficulté supplémentaires pouvaient être ajoutés. Par exemple, les joueurs devaient viser les trous plus petits ou utiliser la main avec laquelle ils étaient le moins habiles. Le détenteur de l’ajagaq le conservait tant qu’il réussissait ses lancers, lui permettant de progresser dans l’énonciation d’un récit précis (voir plus bas). Après trois lancers ratés, le joueur devait passer le bilboquet à l’un de ses adversaires, tous rassemblés en cercle. Les joueurs pouvaient être de tout âge et genre.
Selon un témoignage, l’histoire, qui pouvait être abrégée et modifiée, se déroule à peu près ainsi :
- Avaaqpagit : Je t’assomme en te frappant la tête
- Tisurauttiqpagit : Je te mets sur un traîneau
- Tisuvutit : Tu glisses vers le bas (de la colline)
- Qungnikkuuqputit : Tu te diriges vers les eaux libres
- Imaaqputit : Tu tombes à l’eau
- Kivivutit : Tu coules dans la mer
- Kinguktauvutit : Les crevettes/gammares t’atteignent et te mangent
- Sauniinnaruqputit : Tu deviens un squelette
De nos jours, ce jeu d’adresse est encore pratiqué, bien qu’il soit moins populaire. La première vertèbre cervicale d’un caribou ou un crâne de lièvre peut être utilisé, le bâton est généralement en bois et la corde est remplacée par une simple corde synthétique qui s’achète en magasin.