Natalino Piugattuk: Cela ressemble à un sakku [en inuktitut], c'est un anguvigaq [en inuktitut],
C’est simplement un anguvigaq [Natalino désigne tout l'objet sur la table]. Ça, c’est la lame.
Pour protéger la lame, on la place toujours là [Natalino met la lame dans l'étui].
On ne l'enlève que lorsqu'on l'utilise. C'est accompagné d'un harpon,
et équipé d'une corde. Ce harpon est utilisé pour les prises plus importantes
comme les morses, les baleines,
pour les choses que l'on ne peut pas simplement ramasser. Le chasseur ne harponne pas n'importe où
avec un anguvigaq, il vise le rein.
Celui qui l’utilise
harponne le morse ou la baleine
et dit "aittaa" [en inuktitut], mais nous dirions "alianait" [en inuktitut] si nous avions harponné quelque chose.
Celui qui utilise un anguvigaq semble toujours
dire "aittaa" lorsqu'il frappe, espérant que ce sera une bonne prise.
Il se réjouit, ou bien il peut avoir manqué son coup et avoir l'air déçu.
Ce n'est pas du tout un sakku. Donc s'il manque le point de mise à mort,
cet anguvigaq ne peut s'accrocher à rien [Natalino fait comme si la tête de harpon était dans l'animal et tire sur la lanière]. Donc, si l’animal n'est pas mort, que le chasseur est seul
et qu'il n'a pas de fusil, il va juste tirer là-dessus.
Il est possible qu'il tire là-dessus puisqu'il le harponne avec un anguvigaq.
Il a l'air déçu même s'il atteint sa cible
ou s'il la manque légèrement. Au cas où il raterait,
il dirait "aittaa". Celui qui harponne avec l'anguvigaq
se comporte de cette façon, je l'ai vu.
L'anguvigaq. Une fois, utilisant un couteau,
j'ai harponné un morse. Je savais que j'allais atteindre le point de mise à mort.
J'étais fier de moi. Cela était utilisé par tous ceux
qui n’avaient pas de fusil, ils chassaient avec des harpons.
Certains le font à coup de couteau, d'autres utilisent l'anguvigaq.
Après avoir appris le point de mise à mort, ils cherchent à tuer
sans tirer, sans fusil et en utilisant ceci,
qui ne s'appelle pas un sakku, mais un anguvigaq.
Ceci vient avec une pièce en bois. Le harpon a une pièce en bois
attachée. Nous, la jeune génération
avions appris que lorsqu'on était sur le point de harponner à l'aide de l'anguvigaq,
l'un de nous criait et nous nous empressions de l'apporter à notre aîné.
Nos aînés harponnaient et nous, les plus jeunes,
puisque nous n'en savions pas trop, nous observions.
C'était ainsi. Quand quelqu'un criait, on l'apportait à l'ainé,
qui allait harponner pour tuer
l’animal. Il s'agissait d'une pratique ordinaire,
en tant qu'enfants, nous observions. C'était notre façon d'être.