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Têtes de harpon (anguvigaq) et étui

Le chasseur de mammifères marins devait d’abord toucher sa proie avec une tête de harpon qui restait solidement ancrée dans l’animal. À l’extrémité de la ligne reliée à cette tête, il fixait un flotteur en peau de phoque (avataq) pour éviter que l’animal replonge ou coule.

Lorsque le chasseur ne souhaitait pas conserver la peau de l’animal, il fixait à l’extrémité de son harpon une tête (anguvigaq) utilisée seulement pour blesser le mammifère marin et le faire saigner le plus possible pour pouvoir l’achever. Ainsi, la lame de l’anguvigaq, faite de métal ou de roche, devait être très aiguisée. En tirant sur la corde (aliq), la tête de harpon ressortait directement et le chasseur pouvait recommencer la manœuvre jusqu’à la mort de sa proie. La tête de harpon pouvait être munie d’un étui pour protéger l’aiguisage de la lame et éviter d’endommager le traîneau (qamutiik) ou le kayak (qajaq).

Aujourd’hui, les chasseurs utilisent généralement un fusil pour blesser et tuer leur proie.

Galerie photos

Vue rapprochée d’une tête de harpon en roche verdâtre, enchâssée dans un manche en andouiller attaché à un cordon en cuir. Les points de couture sur le cordon sont apparents.

Tête de harpon à lame en pierre

Un long cordon en cuir enroulé avec, à une extrémité, une tête de harpon composée de roche verdâtre enchâssée dans un manche en andouiller. L'autre extrémité du cordon se termine en boucle.

Tête de harpon à lame en pierre

Vue rapprochée d’une tête de harpon suspendue, montrant une lame en métal insérée dans un manche d’andouiller attaché à un cordon en cuir. Les points de couture sur le cordon sont apparents.

Tête de harpon à lame en métal

Tête de harpon composée d’une lame de métal enchâssée dans un manche en andouiller, avec un cordon en cuir. L’ensemble est partiellement déroulé avec un petit étui en cuir attaché qui repose à côté.

Tête de harpon à lame en métal

Capsule vidéo

Écoutez Natalino Piugattuk parler de la tête de harpon à lame de métal avec son étui

Écoutez Natalino Piugattuk parler de la tête de harpon à lame de métal avec son étui, en la comparant à une autre tête de harpon (sakku) à l’usage différent, et évoquer les pratiques de son enfance et actuelles

Natalino Piugattuk: Cela ressemble à un sakku [en inuktitut], c'est un anguvigaq [en inuktitut],

C’est simplement un anguvigaq [Natalino désigne tout l'objet sur la table]. Ça, c’est la lame.

Pour protéger la lame, on la place toujours là [Natalino met la lame dans l'étui].

On ne l'enlève que lorsqu'on l'utilise. C'est accompagné d'un harpon,

et équipé d'une corde. Ce harpon est utilisé pour les prises plus importantes

comme les morses, les baleines,

pour les choses que l'on ne peut pas simplement ramasser. Le chasseur ne harponne pas n'importe où

avec un anguvigaq, il vise le rein.

Celui qui l’utilise

harponne le morse ou la baleine

et dit "aittaa" [en inuktitut], mais nous dirions "alianait" [en inuktitut] si nous avions harponné quelque chose.

Celui qui utilise un anguvigaq semble toujours

dire "aittaa" lorsqu'il frappe, espérant que ce sera une bonne prise.

Il se réjouit, ou bien il peut avoir manqué son coup et avoir l'air déçu.

Ce n'est pas du tout un sakku. Donc s'il manque le point de mise à mort,

cet anguvigaq ne peut s'accrocher à rien [Natalino fait comme si la tête de harpon était dans l'animal et tire sur la lanière]. Donc, si l’animal n'est pas mort, que le chasseur est seul

et qu'il n'a pas de fusil, il va juste tirer là-dessus.

Il est possible qu'il tire là-dessus puisqu'il le harponne avec un anguvigaq.

Il a l'air déçu même s'il atteint sa cible

ou s'il la manque légèrement. Au cas où il raterait,

il dirait "aittaa". Celui qui harponne avec l'anguvigaq

se comporte de cette façon, je l'ai vu.

L'anguvigaq. Une fois, utilisant un couteau,

j'ai harponné un morse. Je savais que j'allais atteindre le point de mise à mort.

J'étais fier de moi. Cela était utilisé par tous ceux

qui n’avaient pas de fusil, ils chassaient avec des harpons.

Certains le font à coup de couteau, d'autres utilisent l'anguvigaq.

Après avoir appris le point de mise à mort, ils cherchent à tuer

sans tirer, sans fusil et en utilisant ceci,

qui ne s'appelle pas un sakku, mais un anguvigaq.

Ceci vient avec une pièce en bois. Le harpon a une pièce en bois

attachée. Nous, la jeune génération

avions appris que lorsqu'on était sur le point de harponner à l'aide de l'anguvigaq,

l'un de nous criait et nous nous empressions de l'apporter à notre aîné.

Nos aînés harponnaient et nous, les plus jeunes,

puisque nous n'en savions pas trop, nous observions.

C'était ainsi. Quand quelqu'un criait, on l'apportait à l'ainé,

qui allait harponner pour tuer

l’animal. Il s'agissait d'une pratique ordinaire,

en tant qu'enfants, nous observions. C'était notre façon d'être.